Un bilan officiel trompeur

Cinq victoires en cinq matches. 19 buts marqués, 2 buts encaissés. Le bilan de l’Equipe de France en matchs officiels pour l’année 2002-2003 semble parfait. Mais la réalité est toute autre quand on constate que la France, 3ème au classement FIFA des nations, a obtenu ses succès contre des équipes classées entre le 36ème rang (Slovénie) et le 125ème (Malte). Pour avoir une idée plus juste de la valeur des Bleus, il me semble judicieux d’oublier les rencontres contre les tout petits Malte et Chypre et d’inclure dans le bilan les trois matchs amicaux contre la Tunisie, la Yougoslavie et la République Tchèque. Le résultat est déjà moins flatteur : Trois victoires, un match nul et une défaite en cinq matchs, dont trois à domicile. 11 buts marqués, 4 buts encaissés. Pire, la seule opposition contre une équipe réellement du niveau de la France (la Rep. Tchèque, 15ème rang FIFA) s’est soldée par une défaite sans discussion (2-0), et qui plus est, dans le jardin des Bleus, au Stade de France.

Santini dans la continuité de Lemerre et de la Corée

Certes, l’Equipe de France est une équipe solide, expérimentée, avec un potentiel technique inégalé en Europe. Elle possède, avec Zidane, Henry et les autres, des joueurs que s’arrachent les grands clubs anglais, espagnols, italiens ou allemands. Mais malgré tous ses talents individuels, elle paraît incapable d’accélérer lorsqu’elle est en difficulté, surtout quand l’adversaire la bouscule par sa vivacité ou par un esprit combattant supérieur. Les ratés du début de saison en Tunisie et à Chypre ont malheureusement été confirmés par sa défaite contre les Tchèques et son match laborieux de Palerme contre Israël.
Lors de ces rencontres, on a parfois eu l’impression de revivre le syndrome de la Corée. Et finalement, ce n’est pas étonnant puisque l’équipe-type de Santini est la même (à Gallas près) de celle de Roger Lemerre pendant la Coupe du Monde : Barthez – Thuram Gallas Desailly Lizarazu – Makelele Vieira – Wiltord Zidane – Henry Trezeguet soit huit Champions du Monde 1998 (5 ans déjà !), neuf Champions d’Europe 2000 et dix « Coréens ». Les essais effectués par Santini depuis sa prise de fonction ne l’ont été qu’à dose homéopathique et, malgré l’arrivée de plusieurs nouveaux en sélection, bien peu ont été testés sur plusieurs matchs.

Pourtant, c’était l’année pour le faire ! Quitte à lâcher un ou deux points et à essuyer quelques critiques, Santini n’aurait-il pas dû renouveler davantage son effectif afin de préparer l’avenir ? Pensez-vous sincèrement qu’une équipe composée de Coupet – Sagnol Gallas Mexès Silvestre – Makelele Pedretti – Kapo – Govou Cissé , emmenée par le Général Zidane n’aurait pas été capable de battre Malte ?

Oser maintenant ou pleurer demain ?

Car que risque-t-il de se passer à l’Euro 2004 dans la chaleur de l’été portugais ? Nous allons retrouver nos Champions du Monde, dont certains auront largement dépassé la trentaine, qui ont déjà tout gagné que ce soit en club ou en sélection, harassés par les marathons de leurs grands clubs européens. Même motif, même punition : Santini court à l’échec. C’est donc maintenant qu’il faut préparer la relève, aguerrir les jeunes et les habituer à jouer ensemble. Pour donner un grand coup de frais à L’Equipe de France et éviter une nouvelle désillusion dans un an. C’est plus facile aujourd’hui que dans un an et demi, quand les trois quarts des anciens prendront leur retraite internationale en même temps.

Il reste un match amical (contre l’Egypte le 30 avril) et la Coupe des Confédérations en juin pour relever le challenge. Monsieur Santini, il ne vous reste plus qu’à oser !

A la semaine prochaine pour une nouvelle édition du billet de Carl !